Tu l’as sûrement remarqué : depuis quelques années, les rayons de pharmacies et de parapharmacies se remplissent de compléments alimentaires destinés aux enfants. Gummies colorés, sirops vitaminés, poudres à diluer… Le marché explose.
Promesses affichées : renforcer l’immunité, booster la concentration, améliorer le sommeil, compenser les carences…
Bref, il y en a pour chaque inquiétude parentale.
👉 Mais la question qui nous brûle les lèvres est simple : sont-ils vraiment utiles pour nos enfants… ou juste un nouveau terrain de jeu marketing pour nous faire acheter ?
1. Pourquoi ce boom maintenant ?
On peut se demander pourquoi nos mères ne donnaient pas de compléments alimentaires à tout-va, alors que nous, on se retrouve presque culpabilisées de ne pas le faire.
Plusieurs raisons expliquent cette explosion :
- Une société de l’angoisse : entre virus, pollution, fatigue scolaire, notre instinct de parents est de protéger au maximum.
- Un marketing bien ciblé : les marques ont compris que la santé des enfants est un levier émotionnel très fort.
- Une nouvelle image des compléments : finis les gélules austères → place aux gummies rigolos, colorés, au goût fraise. Plus un bonbon qu’un médicament.
👉 Résultat : là où avant on réservait les compléments aux “cas particuliers”, aujourd’hui on a presque l’impression qu’ils sont devenus une norme.
2. Ce que disent les experts
Parce qu’au-delà des promesses, il faut écouter ce que la science et la médecine en disent.
- L’OMS et les pédiatres : dans la majorité des cas, un enfant en bonne santé, avec une alimentation équilibrée, n’a pas besoin de compléments alimentaires. Ses besoins en vitamines et minéraux sont couverts par une nourriture variée.
- Les exceptions : certains cas particuliers existent (manque avéré de vitamine D, carence en fer, enfants avec restrictions alimentaires spécifiques). Mais ce sont des situations médicales qui nécessitent un vrai suivi.
- Le risque : un excès de vitamines n’est pas toujours anodin (par exemple, trop de vitamine A peut être toxique).
👉 Traduction : les compléments ne sont pas dangereux s’ils sont bien dosés, mais ils ne remplacent pas une bonne assiette.
3. L’arme du marketing : la culpabilité parentale
Soyons clairs : si ce marché cartonne, c’est parce qu’il appuie sur nos plus grandes failles de parents.
- “Ton enfant est fatigué ? Peut-être qu’il manque de vitamines.”
- “Il a du mal à se concentrer à l’école ? Essaie nos gummies pour booster son cerveau.”
- “Il tombe souvent malade ? Donne-lui notre sirop immunité.”
Ces messages jouent sur une corde sensible : la peur de ne pas en faire assez.
Et quoi de plus irrésistible que d’acheter un petit flacon coloré qui promet de “rassurer” ton rôle de maman ?
👉 C’est exactement ce qu’on appelle un biais émotionnel d’ancrage : on associe une inquiétude réelle (la santé de l’enfant) à une solution simple (un complément), même si l’efficacité réelle est discutable.
4. Pourquoi on est tenté d’y croire
En tant que parents, on est vulnérables à ce discours pour trois raisons principales :
- La fatigue mentale : quand ton enfant tombe malade trois fois de suite en hiver, tu es prête à tout pour trouver une solution.
- La rapidité : avaler un gummy, c’est plus simple que batailler pour faire manger des brocolis.
- L’effet placebo parental : même si tu n’es pas sûre que ça marche, tu as l’impression de faire quelque chose. Et ça, ça rassure.
5. Mais… sont-ils complètement inutiles ?
Attention, il ne s’agit pas de jeter tous les compléments à la poubelle.
- Dans le cas de la vitamine D, par exemple, une supplémentation est recommandée chez les jeunes enfants (surtout en hiver).
- Idem pour le fer dans certaines carences diagnostiquées.
- Certains compléments peuvent aussi être utiles dans des contextes précis (adolescents sportifs, enfants végétariens).
👉 Mais la nuance est essentielle : ce n’est pas une pilule miracle, c’est un outil médical ponctuel.
6. Le vrai besoin derrière la tentation
Ce qui est intéressant, c’est que derrière l’achat d’un complément alimentaire pour enfant, il y a souvent un besoin plus profond :
- Besoin de rassurance : tu veux sentir que tu fais tout pour sa santé.
- Besoin de contrôle : tu transformes une inquiétude diffuse (“il est fatigué”) en action concrète (“je lui donne quelque chose”).
- Besoin de simplicité : tu gagnes un peu de paix mentale en ayant l’impression d’agir vite.
👉 En fait, les compléments alimentaires répondent moins à une nécessité biologique qu’à une nécessité psychologique parentale.
7. Alors, utiles ou marketing ?
La réponse honnête est : les deux.
- Utiles dans certains cas médicaux précis, avec un suivi adapté.
- Marketing quand ils s’installent comme une habitude systématique sans réel besoin.
👉 C’est là que se joue l’ambiguïté : ce qui pourrait être un outil devient un marché massif, nourri par nos peurs et nos envies de parents.
8. Quelques repères pour les mamans qui doutent
Si tu es tentée par les compléments pour ton enfant, voici trois filtres simples à garder en tête :
- Demande-toi : y a-t-il un vrai diagnostic ?
- Si ce n’est pas un médecin qui a parlé de carence, le besoin est peut-être surtout marketing.
- Lis les étiquettes comme un détective.
- Vérifie les dosages, les additifs, les sucres ajoutés. Parce que parfois, le “gummy vitaminé” est plus proche d’un bonbon qu’autre chose.
- Prends du recul : est-ce que ça remplace une habitude alimentaire ?
- Si oui, c’est le signe que le complément est une béquille, pas une solution.
🎯 En conclusion : une mode révélatrice
Le boom des compléments alimentaires pour enfants n’est pas seulement une question de santé.
C’est un miroir de notre époque : celle où l’on veut tout optimiser, tout sécuriser, tout contrôler… surtout quand il s’agit de nos enfants.
👉 Le piège, c’est de croire que la solution est dans une gélule colorée. La vraie réponse reste toujours la même : un peu de variété dans l’assiette, du sommeil, du jeu, de l’amour.
Et peut-être, de temps en temps, un complément… mais choisi avec discernement.



